mardi 11 mars 2025

Journal ritaphysique (11 mars 2025)

Soit une approche phénoménologique du trou de cul.

L'autre jour, je me suis arrêté à cette définition provisoire: Est trou de cul celui qui exerce le pouvoir dont il est capable de manière à puer du pouvoir (comme on peut puer du cul dont on est le trou) et donc à mépriser maximalement ceux sur lesquels ce pouvoir s'exerce.

Le lien présumé/pressenti entre le caractère nauséabond du pouvoir et la notion de mépris maximal appelle un certain nombre de clarifications que je ne crois pas pouvoir obtenir autrement qu'en mobilisant l'appareillage conceptuel de la phénoménologie, quoique mon rapport à la phénoménologie soit ici un peu plus souple (moins scientifiquement constipé) que celui qu'on retrouve chez Husserl, mais tout de même un peu plus rigoureux qu'un exercice empirique qui se limiterait à inventorier au petit bonheur un certain nombre de variantes imaginaires du trou de cul, en espérant que l'invariant finisse par se manifester comme par enchantement, de guerre lasse ou à l'usure.

Au fond, je vais tenter de suspendre les interprétations précipitées pour m'en tenir à ce que je vois, à ce qui m'apparaît lorsque je procède à une réduction du sens commun pour ne viser que la chose même.  Cette façon de formuler les choses pourrait peut-être sembler bancale aux yeux de quelques puristes, d'accord, mais avouons tout de même que la phénoménologie n'a pas sa pareille pour s'enfarger dans les fleurs du tapis et élaborer des montagnes qui n'accouchent que de souris. En fait, si on veut vraiment opter pour une formulation de la réduction phénoménologique qui soit aussi lumineuse et économique que possible, je suggère qu'on s'en remette à la version de Lautréamont: Il est temps de serrer les freins à mon inspiration, et de m'arrêter, un instant, en route, comme quand on regarde le vagin d'une femme.*

*

Soit.  Suspendons toutes les idées préconçues, mettons entre parenthèses tous les poncifs du sens commun afin d'envisager le plus froidement possible l'apparition du trou de cul dans son apparaître même.

Je notais déjà l'autre jour qu'une des caractéristiques les plus stables de cette apparition résidait dans le mépris.  Je précise maintenant ce que je n'avais pas précisé à ce moment-là: le mépris dont je parle ici ne désigne pas d'abord le haut le coeur que nous éprouvons le plus souvent à la vue du trou de cul, mais bien le mépris manifesté par le trou de cul lui-même.  Saisi dans le vif de son apparaître, le trou de cul apparaît en tout premier lieu comme méprisant, mais voici le hic: le mépris qu'il manifeste est si intense, il atteint ici à un tel degré de noirceur et de concentration, que la saisie du trou de cul comme méprisant s'accompagne presque aussitôt (à quelques secondes eidétiques près) de sa saisie comme méprisable.  D'où la confusion toujours possible entre les dimensions du méprisant et du méprisable. 

De fait, il n'est pas si facile de démêler les couches hylétiques de cette apparition: le méprisant, qui se donne bel et bien comme tel, méprise à un point tel et de façon si radicale que son mépris se donne (presque) immédiatement comme quelque chose de méprisable.  Autrement dit, la réduction phénoménologique -- qui avait pour mission de tenir à l'écart les jugements préfabriqués et les opinions courantes -- ne parvient pas à réduire la dimension eidétiquement méprisable du trou de cul.  Faut le faire...

C'est donc dire que le trou de cul, lui-même capable du mépris le plus grand, est essentiellement un être méprisable et qu'il l'est précisément en raison du mépris dont il est capable.

Quelques considérations visant à déblayer le terrain en vue de l'approfondissement de la recherche:

1) Si le trou de cul est perçu comme méprisable, dis-je, c'est qu'il est capable du plus grand mépris.  Or, s'il n'en était que capable, sans plus, je ne crois pas que son être-méprisable se manifesterait de façon aussi claire qu'il s'est manifesté à nous jusqu'à présent.  La limpidité de cette manifestation s'explique justement en ceci que le trou de cul performe activement le mépris dont il est capable et qu'il le performe de façon maximale -- ce que j'ai exprimé vulgairement en disant qu'il pue du pouvoir;

2) Il importe peu que pour moi, retraité Gagnon, Elon Musk apparaisse comme l'expression quintessenciée du trou de cul.  Le jeu des fixations singulières ne fait pas l'économie de toute contingence.  Il importe seulement de préciser que s'il en est ainsi pour moi, c'est que Elon Musk (plus et mieux que tant d'autres) m'apparaît comme l'exemple par excellence du trou de cul en ceci, précisément, qu'il actualise la totalité du mépris dont il est capable en puant du pouvoir, c'est-à-dire en performant jusqu'à l'extase, donc sans réserve aucune, la totalité du pouvoir dont il dispose;

3) Enfin, ceci reste à déterminer, mais il me semble que la trou-de-culité est parachevée lorsque celui qui exerce son plein pouvoir, tout en l'exerçant de la façon la plus sale et la plus méprisante, suce la graine/lèche le cul de celui qui a encore plus de pouvoir que lui.  Quant à savoir si celui qui est désigné comme encore-plus-puissant que le trou de cul est plus essentiellement sucé que léché, ou qu'il préfère onto-théo-logiquement sa graine sucée à son cul léché, ou l'inverse, cela ne peut pas se décider ici, non que la question ne soit pas pertinente, mais elle déborde considérablement le cadre de notre investigation.    

   


*Les poètes de ce calibre ont souvent le don d'exprimer en quelques mots, et pour ainsi dire de l'intérieur, ce que les philosophes n'exprimeront que bien laborieusement, page après page après page, tout en demeurant désespérément à l'extérieur de la chose même.

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