lundi 7 avril 2014

Approche exopolitique du 7 avril 2014. Bittersweet facétie en 44 temps



Au programme de ce jour :

1) Me lever
2) Trouver que ce n’est pas l’idée du siècle
3) Me recoucher
4) Me relever deux heures plus tard, tiré du sommeil par le boucan de la télé de la voisine du 301 qui regarde Salut, Bonjour! et/ou du système stéréo du voisin du 303 qui écoute CKOI ta toune
5) Démarrer la cafetière
6) Corriger deux copies
7) Une, mettons
8) Fumer une clope
9) Deux, mettons
10) Me rendre compte que j’ai oublié de brancher le fil de la cafetière
11) Dire et/ou penser : gnéé
12) Redémarrer la cafetière
13) Me logger sur Facebook et changer ma photo de profil pour celle d’une tortue renversée sur le dos
14) Verser le café
15) Me rendre compte qu’il ne reste que trois gouttes et quart de lait dans la pinte
16) Dire et/ou penser : ssskraman
17) Sauter dans la douche
18) Me trouver vieux, laid et cerné (et mouillé) en croisant mon reflet dans le miroir de la pharmacie
19)  Me convaincre d’aller voter, mais ne plus me rappeler où me rendre parce que j’ai égaré la carte de rappel (justement)
20) Raviver par association mnémonique le sourire de Gerry Sklavounos qui brûle les planches électorales de mon quartier
21) Conclure qu’on ne pourrait pas imaginer sourire plus prodigieusement toton que ce sourire-là
22) Faire gnein-hein-hein
23) Finir de niaiser
24) Sortir
25) Dans la rue, m’offrir à la brève caresse des vents solaires et croire en l’existence de Dieu pendant un millième de seconde
26) Présumer que le bureau de vote se trouve à l’école des jeunes sourds-muets située au nord de Mistral
27) Rendu là, me dire : ben oui, c’est ben là
28) Faire la file
29) Voter Fontecilla
30) Revenir à l’appart
31) Une fois rentré, me rendre compte que j’ai oublié de ramasser une pinte de lait au dépanneur
32) Dire et/ou penser : misère
33) Fumer deux clopes
34) Corriger une copie
35) Corriger une clope
36) Fumer deux copies
37) Me recoucher
38) Rêver de millions de tortues renversées sur le dos
39) Me réveiller six heures plus tard pour apprendre que les libéraux l’ont emporté par une majorité de 12 Gerry
40) Blasphémer doucement dans le noir
41) Ouvrir une bière
42) Deux, mettons
43) Pour finir, question de faire passer la pilule, me surprendre un peu : m’inviter moi-même au resto alors que je n’y croyais plus
44) Accepter cette invitation avec une joie ternie par quelque soupçon de morosité nocturne.  Passer me chercher en voiture vers 21h00.  Une fois au resto, me tirer galamment la chaise.  Me cruiser un peu.  Me caresser la main.  M’offrir à payer l’addition.  Enfin me raccompagner chez moi et...

Je ne m'en dis pas plus...


6 commentaires:

  1. J'ai l'impression que tu exprimes içi un sentiment d'impuissance politique. Beaucoup l'ont aujourd'hui, et c'est un problème de la démocratie - l'individu se perd dans la masse du Démos et devient aussi impuissant qu'il était sans démocratie.

    Face à celaon a trois choix. Le premier est de vivre notre insatisfaction. Le deuxième est de voter pour les gagnants, ainsi on retrouve un sentiment de pouvoir au travers le Démos, au prix de notre pouvoir individuel. Il ne faut pas sous-estimer ce facteur dans le résultat des élections au Québec. Dès que la couverture médiatique fait en sorte que quelqu'un a identifié le gagnant, cette personne votera pour eux. Belle logique inversée, mais sans couverture médiatique électoral, le monde ne serait pas prévisible, et on sait les conséquences de cela...
    Troisièmement, on peut réaliser que la seule chose qu'on peut réellement changer, c'est soi-même. Trois, c'est mon approche. Je vote, mais c'est pas à travers le vote que j'exprime ma puissance.

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  2. Mais tsé voter pour les gagnants quand tu sais que ceux-ci sont en réalité ontologiquement loosers, je me sentirais un peu looser moi-même.

    Non, je vote en espérant que Fontecilla entrera dans Laurier-Dorion.

    Pour ce qui est de se changer soi-même, je suis un peu trop vieux pour croire à ça. C'est le plus souvent artificiel. À moins, bien entendu, de devenir positivement fou, mais ça non plus ça ne m'intéresse pas particulièrement.

    Reste alors l'insatisfaction, selon ton schéma. Ben so be it. Ça ne va pas très loin, ça n'est peut-être pas très «puissant», j'en conviens, mais ça a au moins le mérite d'être «sincère».

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  3. J'aime bien le cirque politique présent. Il faut en rire, sinon...

    Pour ce qui est de se changer soi-même, le changement le plus sincère est celui qui change ce qu'on fait. Comme le dit Sartre, l'existence précède l'essence, donc nous sommes ce que nous faites. Changer ce qu'on fait, trouver un moyen d'être, en faisant, d'exercer notre volonté de puissance sur une partie du monde en fonction des valeurs qu'on s'affirme, « that is the life.»

    C'est correct d'être insatisfait politiquement et de rien faire à propos de cela. Il y a plus à la vie que la politique. Tant qu'ils font leur job de gouvernance de base, qu'on est assez en sécurité pour poursuivre nos projets, c'est pas si pire.

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    1. excuse les fautes, il est tard au moment de l'écriture.

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  4. Moncherjeanmarc,

    Nous sommes ce que nous faisons, Sartre, oui, mais que faisons-nous au juste? Et jusque à quel point dois-je reconnaître aux actes (petits, moyens et grands) le soin de me définir. Mon être se confond-il dans l'acte qui consiste à verser le lait dans ma tasse de café? C'est trop petit... Suis-je dans l'élan qui me pousse à rompre avec X pour me jeter dans les bras de Y? Trop dramatique, sauf à se définir par le passage, la transition, le saut (ce qui revient à se définir par l'indéfini et cette liquéfaction angoissante de soi-même dans l'ouvert). Reste les actes de «classe moyenne» qui se caractérisent par une certaine forme de répétition dont le propre est de réaliser une espèce d'équilibre entre le Saut abrasif (le grand soir, les grandes marches, la conversion dont parlait Sartre) et le sautillement compulsif (la réitération des mêmes petits rituels quotidiens). Mais dans l'entre-deux, si c'est là que nous sommes vraiment, que sommes-nous?

    Je ne «suis» qu'à condition de cesser de sauter ou de sautiller. Lorsque je ne fais rien et que je me contente de sentir, de me dissoudre dans la sensation de l'instant. Je suis alors joie ou angoisse ou ennui ou fureur. Je ne suis pas ce que je fais -- car faire = être en train de faire ce qui reste encore et toujours à faire -- je suis ce que je suis quand je cesse de faire pour m'ouvrir à ce qui SE fait, que je le veuille ou non, donc à ce qui se fait sentir et recevoir indépendamment de toute volonté. L'impouvoir.

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  5. * se confond-il avec l'acte, dis-je bien

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