vendredi 26 septembre 2014

Tableau de bord (parafiction 1)

26 septembre

Je suis certain que tout a commencé par ce rêve idiot.  (C'était il y a deux jours.)

Je vois Joe Dassin s'avancer en peignoir au bord de la piscine.  Dans les cieux, dans les bois, tout autour, ce n'est pas tant que je la distingue, mais il y a la chanson de L'été indien.  Joe a une étrange tête de suicidé, il abandonne son peignoir d'un geste nonchalant, et je le vois anormalement musclé, poilu, avec le logo de la banque TD tatoué dans le dos.  La suite n'est pas claire: il devrait plonger dans la piscine, mais quelque chose le retient.

Et c'est alors que je me suis réveillé avec ce goût de sang dans la bouche.  Il était quatre heures du matin.  J'étais indécis, en arrêt dans le couloir; je fixais la cafetière, j'étais vraiment indécis.  Je me rappelle être entré dans la salle de bains et avoir pissé sans conviction: entre mes doigts, ma queue avait la consistance d'un Brie triple crème.

Et puis ça a commencé.  Tandis que j'étais assis à la cuisine, indécis et fumant, ma jambe droite s'est dépliée et s'est mise à pilonner le sol.  Quatre coups.  Quatre coups de massue avant de revenir à sa position d'origine.  L'événement avait quelque chose d'ahurissant.  Je ne l'avais pas commandé, je ne l'avais pas anticipé.  J'avais assisté, ahuri et impuissant, au spectacle de ma jambe martelant le sol à quatre reprises.

Je -- moi -- n'avais pas fait ça.  Cela s'était fait tout seul.

J'ai pensé: ça y est, je suis possédé par l'esprit de Joe Dassin. Puis j'ai pensé: ce sont les nerfs, une déflagration nerveuse, atypique, sans doute, mais rien de plus.

C'est comme ça que ça a commencé.

(...)


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