1
Je dois vous parler de ma
tante avant que le sperme atteigne le bord de la baignoire et que ma tête
disparaisse sous le déluge de mon propre foutre.
Il y a deux semaines,
c’était un lundi matin, j’ai reçu de ma tante un message plutôt troublant. Elle me suppliait de venir la retrouver à
Repentigny de toute urgence : elle devait m’entretenir d’une affaire
importante qui ne pouvait plus attendre.
Elle consentait même à me dédommager de la journée de travail que
j’allais sauter en conséquence de cette visite, mais de toutes les façons, elle
me priait de la rejoindre là-bas le plus tôt possible.
Ce lundi-là, je ne
pouvais évidemment pas savoir que j’allais, deux semaines plus tard, vous
entretenir de ma tante en attendant de couler à pic dans une baignoire remplie
à ras bord de mon mien jutron Mais je
vous dirai ceci : moi qui squatte encore l’appart de mes parents à l’âge
de 26 ans, moi qui les ai rendus à moitié fou du fait que je refuse de décoller
et que je ne conserve jamais une job plus de deux semaines, moi qui les ai
poussés à bout à force de différer mon mariage avec Mazarine (cette fille de
riche qui m’aime bien, mais qui a quand même des palettes de lapin et qui
zozote comme une attardée), bref, moi qui suis ce qu’on peut appeler un raté
intégral – oui, moi… ben j’ai toujours trouvé ma tante plutôt bandante.
Je ne l’ai pas vue souvent, remarquez, sinon de loin en loin, lors de rares réunions familiales, mais elle m’a toujours fait de l’effet. Elle a beau avoir passé le cap de la cinquantaine, chaque fois que nous lui rendions visite, que je prenais place à ses côtés lors du dîner et qu’elle posait distraitement une main sur mon avant-bras, je sentais aussitôt une chaleur démente irradier de sa touche, un courant érotique d’une intensité exceptionnelle, et c’était d’autant plus troublant qu’elle n’en rajoutait jamais, ne posait jamais à la cougar -- non, même qu’elle était plutôt de style bas-bleu --, mais quand elle me touchait le bras, héé boy, ou que la courbe de ses seins gonflait la peluche de son chandail rose bonbon lorsqu’elle levait les bras pour ranger une assiette dans l’armoire, c’était plus fort que moi, je m’éclipsais en douce, courais me réfugier à la salle de bain, puis me branlais sauvagement, et pour aller plus vite, je giclais dans un des numéros du Magazine Littéraire qui traînaient dans le porte-revues, de préférence celui consacré à Auguste Comte. Et si je traînais un peu trop, c’est Mazarine qu’on envoyait en éclaireure frapper à la porte :
- Qu’effe tu fous, biquet? On t’attend pour le deffert, ma tante Alife a forti le gâteau aux framboives… miam…
Bon, fidèle à ma vocation
de raté, je n’ai jamais rien risqué. Je
bandais sur ma tante, et puis après?
Elle était heureuse en compagnie de mon oncle Hugo, un type plutôt
taciturne si vous voulez mon avis, mais qui était follement amoureux d’elle, ça
se voyait dans ses yeux, j’irais jusqu’à dire que ça frisait l’adoration, et
même, lorsque ma tante lui parlait un peu sèchement, il en louchait et
rougissait de honte… Bon, je sais un peu
mieux maintenant de quoi il en retourne, mais à l’époque comment aurais-je pu
me douter que…
Plouip! Encore un éjaculat. J’ai calculé qu’à ce rythme, je serai
englouti dans une heure ou deux. Bon
débarras…
Oh il y avait bien
certaines rumeurs qui couraient dans la famille au sujet de ma tante… Certains la disaient un peu sorcière. D’autres laissaient entendre qu’elle était à
la tête d’un système pyramidal de vente pour les produits Avon. Mon cousin Greg m’avait même confié, entre deux
lignes de coke, l’avoir déjà croisée dans un club sélect : il jurait ses
grands dieux qu’elle était grimée en châtelaine médiévale et que mon oncle lui
vernissait les ongles d’orteil sous la table...
Plouip, plouip!
Évidemment, quand j’ai pris le chemin de Repentigny, il y a deux semaines, je ne pensais à rien de tout ça. À vrai dire, je croyais que ma tante voulait surtout me secouer les puces au sujet de Mazarine. Il est vrai que je n’avais pas été très tendre avec elle ces derniers temps. On s’était un peu engueulés, le soir du 26, parce que je tenais mordicus à voir l’épisode final de The Squid Game, alors qu’elle me cassait les couilles pour que je l’accompagne plutôt à une représentation de Riverdance – mais qu’est-ce que j’en avais à crisser? Encaisser pendant deux heures un rigodon de gringalettes qui se disloquent les tibias sur un air de balade irlandaise pseudo-traditionnelle? Elle n’avait pas prisé l’image.
- Regarde-toi! Touvours écravé devant la télé dans le fous-fol de tes parents! Et moi qui croyais te faire plaivir pour ton anniverfaire, vouh-hou-hou!
Cibole, je lui avais
pourtant dit : pour mon anniversaire, je veux des fucking nachos et une
branlette de compassion. Rien
d’autre. Mais noooon, il fallait encore
qu’elle se mette en tête de faire quelque chose de spécial, maudit
crisse, qu’est-ce qu’elles ont à toujours vouloir faire quelque chose de spécial
alors que tout ce qu’on leur demande, c’est de branler décemment, de sucer
honnêtement et de ne pas laisser traîner leurs foutus pinceaux de maquillage
sur le bord du lavabo?
En direction de
Repentigny, je pensais donc : c’est ça, Mazarine est allée se plaindre à
ma tante, mon compte est bon, l’affaire est entendue; ma tante – très cool et
un tantinet mère supérieure -- va me réprimander tout doucement, insister sur le
grand cœur de Mazarine, je vais bien sûr lui promettre de m’amender, d’être
plus prévenant à l’avenir; ma tante me gratifiera d’un sourire compatissant, me
dira *à la bonne heure*, elle me gardera sans doute à souper; au dessert, elle
posera distraitement une main sur mon avant-bras, de sorte que je me
précipiterai à salle de bain, prétextant un étourdissement, et je giclerai dans
le numéro du Magazine Littéraire consacré à Lamartine…
Plouip!
2
En arrivant chez ma tante, la porte de l’appartement était entrouverte et une musique étrange, genre électro allemand, provenait du salon. L’éclairage ne me semblait pas le même que d’habitude : il était plus tamisé, plus atmosphérique si on veut, et contrastait avec la luminosité solaire, presque visqueuse, qui nimbait d’ordinaire la salle à diner.
- Ma tante? Mon oncle?
Je passai le seuil et
avançai timidement dans le vestibule.
Des cris étouffés me parvenaient lointainement sans que je puisse dire
s’ils faisaient partie de la trame musicale ou bien…
Parvenu au salon, je
m’effondrai sur les genoux.
Le souffle coupé, j’aperçus ma tante, nue intégralement; je la voyais de dos, elle se tenait au milieu du salon, jambes écartées, caressant de l’index le manche d’un fouet, les chevilles enfoncées dans des escarpins de couleur crème. Sur le mur du fond, là où on apercevait d’ordinaire le vaisselier, une croix de saint André avait été disposée sur laquelle mon oncle était menotté, nu lui aussi et face contre le mur; son cul déchaussé portait la marque de cinglages récents et profonds.
- Il n’y a pas trois personnes au monde qui ont vu ce que tu vois.
La voix de ma tante me parvenait comme du fond d’un gymnase, altérée par une puissance et une hauteur qui me décomposèrent. Je voulus me relever mais je n’y parvins pas; mon regard demeurait rivé à ses cuisses dont l’écart formait un triangle équilatéral. Sans se retourner, elle dit :
- Je vais décrocher ton oncle de la croix, tu vas prendre la place de ce pauvre sans-dessein et je vais t’ouvrir le cul à coups de fouet. Tu es une honte pour tes parents. Tu es une honte pour nous. Tu es une honte pour toute la famille. Et tu as humilié Mazarine qui pourtant t’adore. Tu ne la mérites pas.
Sa beauté avait quelque chose d’inhumain, sa nudité n’était pas exactement de ce monde -- je voulus sur le champ plonger mon visage dans la raie de ses fesses, mais j’étais paralysé et mes genoux flageolants me soutenaient à peine.
- Ma tante, est-ce bien toi?... je… tu veux me punir de quoi au juste, là?
- Te punir? Mais non, bien au contraire, je vais te faire un don. Tu vas recevoir de moi le sacrement de l’éjaculation perpétuelle. Amène-toi, minable, rampe sous le pont de mes jambes et ouvre la bouche.
Cette fois, ce fut trop. Je ne sais comment je trouvai la force de rouler jusque dans le vestibule, je devais ressembler à un de ces poissons préhistoriques qui effectuent un saut évolutif en direction de la terre ferme, mais je me traînai vaille que vaille jusqu’à la porte d’entrée, le cerveau brouillé par le rire fêlé de ma tante, et mon sexe était si dur que je giclai dans mon froc à l’instant où je franchis le seuil de l’appartement.
Parvenu dans le rue de
R…, je réussis tant bien que mal à me remettre sur pied, mais sitôt debout, je
bandai derechef et giclai à nouveau, cette fois de façon plus abondante encore. Je n’y comprenais rien. Et tout au long des 20 kilomètres que je
brûlai à bord de la Yaris de mes parents, je dus éjaculer au moins à 30
reprises et de façon si considérable qu’à l’arrivée mon pantalon se réduisait à
une horreur textile indéfinissable et que le bras de vitesse gisait sous une
toile de sperme si compacte qu’on eut dit un pilon minéralisé dans un chaudron
de fondue au fromage datant de l’âge de pierre.
3
Ce soir-là, quand je suis
rentré à la maison les culottes en charpie, ma mère n’avait pas eu le temps de
me demander où j’étais passé que je lui giclai au visage.
Peu importe ce que je
disais ou faisais, je ne pouvais plus m’enlever de la tête la vision de ma
tante brandissant le fouet, et je rebandais sitôt l’éjaculation achevée, et je
rééjaculais sitôt la bandaison maximisée.
Je giclai dans le potage
de mon père.
Je giclai sur tous les murs de la cuisine et jusque dans le lave-vaisselle.
Je giclai sur l’horreur
de perruche à qui mon cousin Greg avait appris à dire le mot *fuck*.
Je ruinai ma collection
de Playboy Vintage et tous les numéros de l’Almanach du peuple qui
traînaient dans le salon de mes parents.
Je giclai sur mon
portable alors même que j’expliquais la situation à la réceptionniste de l’hôpital Maisonneuve.
Désespéré, j’implorai
Mazarine de me branler jusqu’à ce que j’en crève, mais à la 56e éjaculation,
elle craqua et se mit à hurler : Tu es un obfédé fexfuel, ve ne veux
plus vamais te revoir!
Après 48 heures
d’éjaculation forcenée, je quittai en catastrophe la maison de mes parents et
je courus chercher refuge dans un motel minable de la 117, non sans avoir giclé
entre les seins de la patronne lorsqu’elle me tendit la clef de la
chambre. Après avoir sifflé trois bouteilles
de mauvais vin, je m’effondrai, exsangue, dans la baignoire pour ne plus jamais
en sortir.
Voici bientôt deux jours
que je jouis de la sorte sans discontinuer, tournoyant sur les bords d’une
vision qui n’a pas de fond, éjaculant au rythme d’un plouip! aux 30
secondes et m’enfonçant toujours davantage dans la fondue spermatique dont le
niveau va bientôt excéder les capacités de la baignoire et me fossiliser vivant
comme un noceur de Pompéi.
Je n’en ai plus pour très
longtemps. Le niveau monte lentement
mais sûrement, et je n’ai plus la force de bouger. J’entends toujours le fouet de ma tante qui
fend la distance et les ténèbres. Je
résisterai, je résisterai, je résist…
Je rampe sous le pont de
ses cuisses parfaites, ma langue glisse sur ses talons aiguilles de couleur
crème, plouip! éclair de flash et puis black-out.
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