jeudi 8 mai 2014

L'écriture végétale





«Toutes les choses qui me viennent à l'esprit ne me viennent pas par la racine, mais par quelque endroit du côté du milieu.  Allez donc essayez de les retenir -- que quelqu'un essaie donc de tenir un brin d'herbe qui ne commence à pousser que par le milieu de la tige...»  (Kafka, JOURNAL)

L'écriture est l'équivalent d'un acte de foi doublé, sur toute la longueur de son événement, par un doute à l'endroit de lui-même.  On ne voit pas ce qui tient invisiblement les deux extrémités de la tige, pire: on ne sait même pas si les extrémités existent, mais elles doivent être tenues par quelque chose et n'existent d'ailleurs qu'à cette condition.

Toute ligne devrait couler sitôt inscrite, entraînée par le poids de sa propre absurdité.  Mais le fait est là: des phrases se nouent, des blocs narratifs se magnétisent, gravitent collectivement autour d'un X, d'un Cela-ou-rien qui ne négocie pas les termes de sa catastrophe.

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