mardi 23 mai 2017

Ariana et le sens intime de la terreur


Je réagis rarement à chaud aux événements de l’actualité.  D’Ariana Grande, je ne connais à peu près rien, sinon une chanson, Into you, sur le beat de laquelle je me rappelle avoir swigné un soir de vent fort à l’automne dernier.

Quand j’ai pris connaissance ce matin de ce qui s’est produit peu après la fin de son spectacle à Manchester, la seule question qui me soit venue à l’esprit, c’est : À quoi pourrait bien ressembler un monde dans lequel la question de Dieu – cette question-là en tant que question – serait littéralement inconcevable, ne pourrait venir à l'esprit de personne?

Ou encore, sous une forme moins radicale : quoi d’un monde dans lequel la question de Dieu serait a priori aussi inintéressante que celle des nuages de l’an passé (pour reprendre une expression de Cervantès)?

Donc un monde dans lequel la question de Dieu serait à ce point ennuyeuse que sa formulation s’interromprait en cours de route, s’arrêterait à deux cents mètres du point d’interrogation qui la magnétisait, si ennuyeuse, en fait, que ce point lui-même s’étonnerait de sa propre existence tout au bout d’une question qui ne l’a jamais atteint, à tel point que le point serait contraint d’improviser en solo la formulation qui aggrave son suspens en ces termes : Et si j’allais prendre une bière plutôt que de niaiser à l'horizon d'un acte manqué?

De ce monde, je ne connais à peu près rien, sinon un matin de vent mort où je m’étais déchiré les doigts en feuilletant les oiseaux.

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