vendredi 4 juillet 2014

Lectures 3


Extraits de Philip Roth, La bête qui meurt, Gallimard, Folio, 2004.


Il n'y a pas d'égalité sexuelle, il ne saurait d'ailleurs y en avoir; on n'est pas à parts égales, l'homme et la femme, en situation d'équilibre.  Cette sauvagerie ne se négocie pas de manière quantifiable.  On n'est pas dans le fifty-fifty d'une transaction commerciale.  On plonge dans le chaos de l'éros, et la déstabilisation radicale qui le rend si excitant.  Retour à l'homme des bois, au peuple des marais.  La domination change de camp en permanence, on vit en porte à faux.  Tu veux exclure les rapports de domination, exclure la capitulation?  Mais la domination, c'est le silex, c'est ce qui produit l'étincelle, c'est l'allumage.  Et après?  Attends; tu vas voir.  Tu vas voir à quoi mène la domination.  Tu vas voir à quoi mène la capitulation.  (38-39)

*

Certains hommes, pour baiser, il leur faut une dominatrice qui fasse claquer son fouet au-dessus d'eux.  Ou il leur faut une fille déguisée en soubrette.  Il y en a qui baisent que les naines, d'autres que les délinquantes, d'autres encore que les poulets.  Mon fils, lui, il baise la respectabilité morale.  Je t'en prie, je lui dis, c'est une perversion comme les autres, ni plus ni moins.  Assume-la et cesse de te croire unique en ton genre.  (126)


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