samedi 26 mai 2018

Complémentaire 27 (12, suite et fin)


ÉPILOGUE

En sortant des bureaux de Loto-Québec, Clément et moi avions décidé de célébrer la chose en assistant à la représentation du nouveau film des Avengers, Infinity War qui débutait à 19h30 au cinéma du Quartier Latin.  J'avais donc l'accord du tuteur légal pour que l'on puisse chiller ensemble ce soir, à condition que je ramène Clément à la maison avant minuit.

Un montant de 2,5 millions avait été déposé dans nos comptes respectifs.  Je ne sais pas exactement ce que cette somme pouvait représenter pour Clément, mais au fond ça ne me regardait pas et je n'avais pas non plus envie de m'en mêler.  Pour ma part, j'avais bien évidemment procédé au partage kif-kif du gros lot avec ma blonde, ça nous faisait pas loin de 1,3 millions chacun, pas de quoi devenir fou quand on y pense, mais disons que ça payait la bouteille de vin et que c'était toujours ça de gagné.  D'ailleurs, ma blonde avait déjà pris l'avion pour Cuba: je devais la rejoindre là-bas d'ici la fin de la semaine.  Pour le reste, je n'avais encore aucune idée précise de la manière dont j'allais «gérer» cette petite fortune dans la durée: j'allais certainement commencer par m'acheter une PS4 de même que la version de Diablo adaptée à cette nouvelle console, mais au-delà de ça, je laissais les choses mariner dans un flou artistique qui n'était pas désagréable.

Il s'en était quand même fallu de peu pour que tous nos rêves tombent à l'eau.

Après avoir foncé dans le barrage policier il y a deux semaines, la reconstitution des faits n'a pas été une partie de pique-nique, mais compte tenu de la multitude de témoins directs et indirects qui avaient assisté à notre équipée infernale sur la rue Saint-Denis, Clément et moi avions finalement été exonérés de tout blâme alors que des charges sévères avaient été retenues à l'encontre de la dame et du commis: tentative de vol,  usurpation d'identité, entrave au travail des policiers à coups de plâtre sur le casque protecteur, détournement de personne intellectuellement diminuée, agression, harcèlement psychologique et j'en passe.  Je ne sais pas quelle sera l'issue de tout ça, mais aux dernières nouvelles, la dame avait été contrainte de passer quelques jours dans l'aile psychiatrique de l'hôpital Santa Cabrini, et le commis se relevait d'une délicate opération de débosselage facial en tout genre. 

Un peu comme je l'avais craint, il y avait foule au guichet du Quartier Latin et il n'y avait déjà plus de place disponible pour la représentation de 19h30.  Il allait donc falloir attendre jusqu'à 10h15 ou alors remettre ça à une autre fois.  Clément était déçu.

--  Écoute, j'ai une idée...  Tu as déjà été aux danseuses?  (Je lui pointais du doigt le Gentlemen's Choice de l'autre côté de la rue).
--  Crosse heure moins quart lady gaga toudou let's deince
--  Tsé les belles madames tunues avec les rrrros tetons et tout?
-- ...

Clément a regardé dans le vague pendant quelques instants, puis il a fait oui de la tête et son visage s'est illuminé.

Bras dessus bras dessous, nous marchions d'un bon pas en direction de la rue Ontario.  Avant minuit, j'allais claquer pas moins de 2000$ dans le cul d'une idole longtemps convoitée.  Le soleil flambait à basse altitude, aveuglait jusqu'aux larmes les petites boutiques de la rue Saint-Denis tandis que les passants contournaient sans les voir les bacs à recyclage de Valérie Plante.

(Lecteure, ma féerie, mon dernier mot, ma toute inépilée(e), je te reviens sans vertige à travers une infinité de fondants au chocolat, et je dépose sur la petite étagère de l'isoloir la clé USB qui contient la dernière livraison de ce récit.  Je n'ai plus d'heure pour rentrer -- en un sens, je ne suis jamais sorti.  Diamant au nombril, cravache entre les dents, tu redresses les coussinets de ton soutien-gorge et je te lèche jusqu'au bout de la nuit.)

Fin













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